
RDC : des inquiétudes autour de la présence militaire burundaise au Sud-Kivu
Sous le cadre officiel d’une coopération sécuritaire entre Kinshasa et Bujumbura, des voix s’élèvent pour alerter sur une situation jugée préoccupante dans plusieurs territoires du Sud-Kivu.
Lors d’une conférence de presse tenue récemment, l’avocat et ancien député congolais Moïse Nyarugabo a exprimé ses inquiétudes face à ce qu’il considère comme une implantation durable de forces armées burundaises sur le sol congolais.
Selon ses déclarations, près de soixante-huit positions militaires étrangères auraient été établies dans les territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, couvrant cinquante-huit localités. Des informations qu’il dit détenir à partir de documents officiels, sans toutefois qu’elles aient été confirmées par des sources indépendantes.
Une coopération sécuritaire en question
Le déploiement de troupes burundaises en République démocratique du Congo s’inscrit officiellement dans le cadre d’un accord bilatéral de lutte contre les groupes armés, notamment le mouvement rebelle Red-Tabara, accusé d’opérer depuis le territoire congolais.
Cependant, Me Nyarugabo estime que cette justification ne reflète pas la réalité du terrain : selon lui, aucune des zones concernées ne serait actuellement occupée par les combattants de Red-Tabara.
Des tensions communautaires persistantes
L’ancien parlementaire affirme par ailleurs que cette présence militaire aurait des répercussions sur les populations locales, notamment au sein de la communauté banyamulenge, présente depuis des générations sur les hauts plateaux du Sud-Kivu.
Il dénonce des pressions et déplacements forcés, qu’il assimile à une tentative d’éviction. Ces allégations n’ont pour l’heure pas fait l’objet d’une enquête indépendante, mais elles s’ajoutent à un contexte déjà marqué par des tensions intercommunautaires et des conflits récurrents dans la région.
Craintes d’une escalade régionale
Moïse Nyarugabo évoque également le risque d’une escalade militaire, citant des informations sur d’éventuelles opérations coordonnées dans les localités de Mikenke et Mulenge. Ces affirmations n’ont pas été confirmées par les autorités congolaises ni burundaises.
Selon lui, la présence de plusieurs bataillons burundais dépasserait désormais les effectifs des Forces armées de la RDC (FARDC) déployées localement, suscitant des interrogations sur l’équilibre des forces et la souveraineté territoriale.
Appel au dialogue et à la vigilance
Dans un ton empreint de gravité, Nyarugabo a lancé un appel à la communauté internationale et aux gouvernements de la région pour une évaluation transparente de cette coopération militaire. Il a également invité le peuple burundais à s’informer sur la nature réelle des opérations menées par son armée en territoire voisin.
Tout en réaffirmant son attachement à la paix et à la coexistence entre les peuples, il a exhorté sa communauté à faire preuve de résilience face aux épreuves actuelles.
« La nuit est épaisse, certes, mais la lumière commence à poindre », a-t-il déclaré en conclusion.
Une coopération à clarifier
Ni Kinshasa ni Bujumbura n’ont, pour l’heure, réagi publiquement à ces accusations.
Pour plusieurs observateurs, cette affaire illustre les zones grises des alliances militaires régionales dans les Grands Lacs, où la frontière entre coopération sécuritaire et ingérence demeure souvent floue.
Dans un contexte où la stabilité du Sud-Kivu reste fragile, les appels à la transparence et au dialogue apparaissent plus que jamais nécessaires.
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