Washington : Une rencontre prévue le 4 décembre entre Tshisekedi-Kagame sous tension, malgré les ambitions américaines

Washington : Une rencontre prévue le 4 décembre entre Tshisekedi-Kagame sous tension, malgré les ambitions américaines

La rencontre prévue le 4 décembre à Washington entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, annoncée comme un tournant diplomatique majeur, se heurte à une réalité politique et sécuritaire bien plus complexe. Initiée par les États-Unis, cette réunion devait entériner l’accord signé en juin dernier et concrétiser le cadre d’intégration économique régionale adopté début novembre. Mais à mesure que la date approche, l’enthousiasme initial s’effrite.

Derrière cette initiative, la stratégie américaine est claire : stabiliser l’est de la RDC afin de sécuriser les chaînes d’approvisionnement occidentales en minerais critiques (cobalt, cuivre, lithium, tantale). Washington multiplie les efforts pour rapprocher Kinshasa et Kigali, promettant des investissements de plusieurs milliards de dollars.

Pour la première fois depuis longtemps, une architecture diplomatique cohérente semble se dessiner, alliant le processus américain et les pourparlers indirects menés à Doha entre Kinshasa et le mouvement M23. Toutefois, la réalité sur le terrain est loin d’être alignée avec les intentions diplomatiques. Ni le retrait effectif des troupes rwandaises de l’Est congolais, ni la neutralisation des FDLR – éléments clés de l’accord de septembre – n’ont été concrètement observés. La défiance politique entre les deux capitales reste vive, et la situation militaire demeure inchangée.

Dans une conférence de presse tenue à Kigali, le président rwandais a vivement nié toute responsabilité de son pays dans les lenteurs du processus diplomatique en cours.

« Ce qui retarde les choses, je peux vous assurer que cela ne vient pas du Rwanda. Cela vient d’ailleurs », a déclaré Paul Kagame, accusant Kinshasa de revenir systématiquement sur ses engagements. « Ils signent, puis le lendemain, à Washington ou de retour chez eux, ils ajoutent de nouvelles conditions. Voilà ce qui bloque le processus », a-t-il poursuivi, avec un ton sec, visiblement lassé. Ironisant sur ce qu’il perçoit comme une instabilité politique congolaise, Kagame a ajouté : « Je ne serais pas surpris que demain, quelqu’un dise : “Je ne vais pas aller à Washington parce qu’un prêtre lui a dit que c’était une mauvaise idée.” »

À Kinshasa, le discours est tout autre. Le gouvernement congolais conditionne clairement la participation de Félix Tshisekedi à la rencontre de Washington au retrait préalable des troupes rwandaises présentes en RDC. « Cette préoccupation a été bien notée… C’est un pas important pour débloquer le processus », avait déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.

En visite officielle à Belgrade, le président Tshisekedi a réaffirmé cette position : « Le respect des accords suppose celui de la souveraineté de notre pays, le retrait des troupes rwandaises et le rétablissement de la confiance mutuelle. Il ne peut y avoir de commerce régional sans paix ni confiance retrouvée. »

Le face-à-face annoncé à Washington s’annonce donc tendu, sur fond de divergences persistantes et d’une crise sécuritaire toujours vive à l’Est de la RDC. Alors que Washington espère imposer un nouveau cap, la méfiance persistante et l’absence de gestes forts sur le terrain risquent de compromettre cette relance diplomatique fragile.

CATEGORIES
Share This

COMMENTS

Wordpress (0)
Disqus (0 )